Quai Antique
Par Jimmy MOUCHARD (Archéologue – GAVS)
Depuis 2009, une fouille archéologique programmée se déroule chaque année en août à l’emplacement de l’ancien port d’Aizier (27), commune estuarienne implantée sur la rive gauche de la Seine, entre Rouen et Le Havre. La campagne 2010, première année de fouille d’un programme de trois ans (2010-2012), a été à nouveau riche en découvertes.Si les sources manuscrites attestent une activité portuaire certaine dès le XIIIe siècle, une approche géoarchéologique et pluridisciplinaire de cette première boucle de la Seine permet aujourd’hui de constater l’existence de traces d’occupations riveraines au moins dès l’époque gallo-romaine. Situé au carrefour d’une voie fluviale et de voies antiques terrestres, Aizier possède encore les traces d’aménagements de berges en calcaire monumentaux, mais aussi quelques témoignages d’une activité nautique importante de l’époque gallo-romaine jusqu’aux premiers travaux d’endiguements de la Seine à l’époque contemporaine.Outre la poursuite de la fouille de la terrasse portuaire et des niveaux de circulation gallo-romains, parmi les nouveautés 2010, signalons le dégagement du quai antique d’est en ouest sur près de 12 m de long jusqu’aux fondations. Au droit de ces blocs empilés sur le substratum formant le mur du quai, une ligne de pieux plantés dans la craie à intervalle régulier a été mise au jour (analyses en cours). La campagne 2011 devrait permettre de préciser la nature et la fonction de ces aménagements en bois, mais surtout de savoir s’ils sont contemporains ou non des structures en pierre.Cette opération – soutenue par le ministère de la culture et le Groupe archéologique du Val de Seine – nécessite une logistique, des moyens et des méthodes d’interventions adéquates au milieu étudié et propose ainsi aux étudiants présents (Université de Rouen, Nantes, Paris et Toulouse) une formation spécifique à la fouille en milieu humide.La campagne 2011, qui aura lieu là aussi en août, sera principalement orientée sur le décapage et la fouille d’une partie de la cavée naturelle (ancien chemin de l’époque moderne) qui débouchait sur l’ancien cours de la Seine, à l’emplacement de cette terrasse portuaire, afin de valider ou non la présence d’une voie antique en lien avec ces infrastructures inédites pour l’ouest de la France.