Les galeries d’Aizier
Le commerce le mieux achalandé d’Aizier est assurément celui tenu par Jeanne Angot, à l’enseigne « Aux galeries d’Aizier »
Année 1907, il est 11 heures du matin et il fait beau.Madame Angot a sorti le guéridon et une chaise afin que le client, unique encore à cette heure, puisse boire dehors son café. Dès le matin, elle est toujours bien habillée. Ne doit-elle pas montrer l’élégance et la solidité de son rayon mode. C’est aussi le moment où les ménagères viennent faire leurs achats.Les volets des fenêtres restent fermés pour qu’il soit possible de lire ce que l’on peut trouver dans ce commerce. Le chocolat Ménier avec la petite fille au parapluie rouge et l’amer Picon, premier apéritif connu dans les campagnes, apportent une note de couleur à la façade blanche.Le vieux père Alcide est assis sur une grosse pierre que l’on dit préhistorique. Il envie un peu François Lemazurier, le fils d’un marchand de bois, un riche qui a pu s’acheter un vélo – « De mon temps, il n’y avait que les sabots pour circuler ! » C’est un luxe extraordinaire qui était jusqu’à présent réservé aux facteurs.La petite impasse abrite des familles venues surtout de Bretagne et dont les maris sont employés à refaire les quais tout au long des berges de la Seine.
Madame Marie Peulvey, née Cathelin, est encore an grand deuil; elle ne se console pas de la mort de son mari Ferdinand Eléonor, l’ancien maire, décédé l’an dernier.Les enfants sont à l’école, Monsieur Tréhet l’instituteur est sévère sur la discipline. Pendant ce temps, les petits peuvent jouer dans la rue : il y passe si peu de monde !La maison, solidement construite, n’a pas changé. Seule, la petite ruelle a disparu depuis la guerre 1939-45. La boutique a été fermée et est devenue une maison particulière.